Goddess of Speed, 8:05 | Color and Black and White | 16mm transfer to 4K Scope (2.39) | 2023
A film titled Dance Movie (aka Rollerskate) appears in many Warhol filmographies, but no work with this title can be found in the Collection. The lost film, starring dancer Fred Herko gliding on a single roller skate, was shot in 1963.
Herko was a talented dancer and choreographer who co-founded and performed with the Judson Dance Theater. Herko was also associated with the Mole People, a group of queer men and women who came together to get high on speed and listen to opera. In October 1964, unhoused and strung out on drugs, Herko leapt out of an open window while dancing naked to Mozart’s Coronation Mass in C Major.
Although the current location of Dance Movie is unknown, accounts of it do exist, including Warhol’s evocative description in POPism of Herko “gliding in dance attitudes and looking as perfect as the ornament on the hood of a car.”
Inspired by descriptions of the missing film, Goddess of Speed poetically re-imagines the last days of the performer.
Goddess of Speed premiered in September 2023 at the Chicago Underground Film Festival where it won the Jury Award. Other screenings include: Slamdance, Experiment in Cinema, ICDOCS, Engauge Experimental Film Festival, VASTLAB Experimental VLX6, and Athens International Film and Video Festival in the USA, Kassel Documentary Film and Video Festival and INTERFILM 40th International Short Film Festival in Germany, Rencontres Internationales Paris/Berlin in Paris and Berlin, Rencontres Internationales Traverse in Toulouse, Mostra Internacional de Dança – Imagens em Movimento in Brazil, Kinoskop Festival in Belgrade and Antimatter Film Festival, REGARD – Saguenay International Short Film Festival, Festival International du Film sur l’Art, Queer City Cinema and Rendez-vous du Cinéma Québecois in Canada.
Director/Editor/Sound Designer: Frédéric Moffet
Performer: Stevie Cisneros Hanley
Cinematographer: Kioto Aoki
Production Assistant: Tiago Mena Abrantes
Sound Mixer: Julian Flavin
Original text: Bruce Jenkins and Diane di Prima
Shot on location at No Nation
Distributed by Video Data Bank and Vidéographe
Teaser of Goddess of Speed:
Some important texts:
Bruce Jenkins, Andy Warhol Film Catalogue Raisonne (vol. 2: 1963–65)
Diane Di Prima, Recollections of my life as a woman
Diane Di Prima, Freddie Poems
José Esteban Muñoz, Cruising Utopia: The Then and There of Queer Futurity
Dominic Johnson, Modern Death: Jack Smith, Fred Herko and Paul Thek
Paisid Aramphongphan, Horizontal together
Extrait d’un text de Simone Dompeyre (Rencontres Internationales Traverse 2024):
Frédéric Moffet sait ranimer la mémoire des disparus, l’inoubliable hommage à Montgomery Clift, de 2011, suffirait à le prouver avec la métaphore cinématographique sur des séquences de films interprétés par cet acteur, détruit par l’intolérance hollywoodienne autant que par l’accident de voiture qui le défigura. Cependant, c’est différemment qu’il s’empare de cette légende-ci, dont il relate les étapes en inscriptions type post-it, dans le champ où évolue un performer, Stevie Cisneros Hanley, en mémoire de Fred Herko et du film. Goddess of Speed, le titre au féminin, glisse le refus du genre imposé du danseur originel ; quant à la vitesse annoncée, F Moffet, se souvenant que Warhol projetait ses films à 24 images/seconde en vitesse ralentie à 16 images/seconde, il n’amplifie pas le tempo malgré la vitesse annoncée par le titre. Son film débute avec le son typique du projecteur avant celui de la recherche du « la » par un orchestre avant exécution que ne refuserait pas un Godard. Il opte pour le dytique, hormis un rare triptyque, enserrant le gros plan du visage du performer au regard plutôt dur — rappel de la mort à venir du premier performer, qui avait annoncé une « flying dance » et se jeta du haut de l’immeuble. Loin de la simple reprise de ce plan portrait, les deux autres ne retiennent que l’épaule en amorce à gauche et que le visage partiel à droite.
Warhol filmait en plans aussi longs que sa camera le permettait, souvent dans le même axe, le même cadrage en une expérience immersive et Edie Sedgwick se souvenait qu’il « aimait regarder les personnes comme des personnes et que c’était suffisant » comme projet de film.
F. Moffet réactue l’action évoquée par Warhol, en filmant sur une terrasse typique de New York – l’alternance de plans en couleurs et selon des axes divers et quelque légère variation d’échelle, la situent sans ambiguïté. Le lieu est idoine, warholien avec les murs de briques, avec les escaliers métalliques extérieurs. Il le teinte parfois de rouge ou en efface l’image comme il le fait aussi du corps de l’homme pour un fond blanc. Il y invite ce corps masculin, connaissant son pouvoir de séduction. Il retient après un éclair de lumière, ce corps athlétique simplement vêtu d’un short et de chaussettes, dans ses allers et retours, dans sa nécessité de s’y reprendre puisque chaussé d’un seul patin, dans ses tentatives de mimer le vol de l’ange – ou l’ornement de voiture luxueuse – de partir du mur ou de s’y rattraper et dans ses arrêts, de profil ou avec un regard frontal. Il en fait le portrait en acte, yeux décidés, petite moustache, déterminé à recommencer encore et encore, après avoir chaussé le seul patin, indice de performance et non de simple distraction.
F. Moffet ne cache pas la réalité, il n’exclut pas les noms des médicaments et drogues auxquels s’adonnait Herko, il raconte son histoire et tisse ce rappel avec celui du film de Warhol dont on se souvient qu’il filmait tous ceux qui se rendaient à la Factory, dans leurs faits et gestes, sans demande autre. Minutes réunies dans les Screen Tests, où se reconnaissent des artistes comme Lou Reed ou Nico et les proches, amis, relations, amants de Warhol, ainsi que le poète John Giorno du mémorable Sleep, lui aussi de 1963, en plan fixe et temps réel sinon unique, ce que la prise de 10 minutes de la caméra ne peut. Et l’alternance d’immeubles et de performer oblige à citer Empire State Building, de 1964, durée de huit heures d’un « seul » plan du bâtiment new-yorkais éponyme.
Moffet, comme d’autres connaisseurs de Warhol dont John G. Hanhardt, connaît cette « esthétique fondée sur la répétition » et n’ignore pas ce que ce chercheur a justement argumenté, à savoir les échos de la Factory et d’Hollywood, comme deux lieux « usines où sont produits des mythes et des héros pour l’Amérique du XXe siècle », ni que Warhol expérimenta diverses manières de tournage et de montage que les simples Screen Tests attestent.
Goddess of Speed, dans sa brièveté, maîtrise ces étapes, d’abord sans son, après le « la » devenu filmique, puis des bruits de ville, des sons typiques de voiture et Callas avec un bref envol de la Tosca… de même, une action quotidienne y prend force d’emblème ; il suffit de fragiliser l’apparence fausse d’homme sûr et râblé. Au-delà de l’anecdote d’un jeu de patins à un pied, s’y suggèrent les inquiétudes d’un homme qui choisit littéralement le vol de l’ange en un film qui reste faussement à distance.
Categories: solo work




